Autre, Film

Amour passion

Carole Lombard

Lundi, j’apprenais l’existence de Carole Lombard. Mardi, je découvrais sa mort.  « Que peut-il arriver dans un avion ? » aurait-elle dit pour le tournage de To be or not to be, phrase coupée au montage avant de sortir le film, puisque l’actrice est décédée justement, lors d’un vol entre l’Indiana et la Californie.

Sur la page Wikipédia, le paragraphe « mort » est plus détaillé que le paragraphe « vie ». Avant cette découverte pour le moins morbide, je pensais à deux choses. La première : Lubitsch peut se permettre de se moquer d’Hitler et du régime Nazi avec tant d’irrévérence car il écrit To be or not to be à une époque où l’ignorance du traitement des juifs est une réalité, ensuite car il offre le point de vue burlesque d’une troupe que rien n’ébranle, sauf son théâtre, mais dans une réalité bien tangible (la guerre, la mort, la gestapo, etc.). Mais le point de vue (fictif dans le réel ou fictif dans le fictif, tant qu’il est inclus dans le plus grand que lui) permet il le traitement de tout sujet sensible au cinéma ?
La seconde : Comment Carole Lombard a-t-elle vieilli ?

Forcément, la seconde pensée serait rapidement amputée par l’obituaire wikipédiesque de Lombard. Cependant, elle m’entrainait sur une autre route, toute aussi longue. La comparaison de toutes ses actrices qu’Hollywood bâtit en icônes. Des femmes dont on ne connait que la jeunesse et qui, dans la vieillesse, semblent abimer leur célébrité. Trahir leurs spectateurs. Celles dont l’image appartient au peuple, à nous, ces Marylin, qui ne vieilliront jamais ou ces Catherine Deneuve dont la beauté n’est évoquée qu’au passé simple.

Carole Lombard ne connaitra ni la douceur du déclin, ni la paralysie de la carrière qu’elle entraine, ni le passage douloureux de la vie d’actrice à la vie de femme. Elle deviendra l’épouse rêvée de Clark Gable, la seule que la mort lui aura ravi, celle auprès de qui il voudra être enterré dix-huit ans plus tard.

Et je me demande, est-ce que la proximité dans la mort rattrape l’absence dans la vie ? Est-ce que l’amour est plus fort lorsqu’il est vécu puis perdu avant d’avoir eu le temps de s’étioler ?

Je suis peut-être dure sur ce sujet. Je ne suis pas femme d’amour enfiévré. Pour moi, il faut distinguer amour de passion et de curiosité. Roméo et Juliette sont des adolescents, ont-ils découvert l’amour suprême ? L’âme sœur ? Non. Ils subissent la violence d’un premier amour affamé. Cela ne signifie pas que cette forme d’amour ne compte pas ou qu’elle n’est pas vécue avec toute l’intensité qui lui ait due mais qu’elle n’a pas affronté la réalité de la vie et de ses affres (bien que, pour Roméo et Juliette, on puisse argumenter que les obstacles sont bien présents.)

J’admets bien volontiers cependant, que l’amour tragique est bien plus romanesque.

Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s’empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne

Extrait du poème Les colchiques de Guillaume Apollinaire.

Carole, Clark & Melody – The Museum of the San Fernando Valley
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2 réflexions au sujet de “Amour passion”

  1. Carole Lombard, oui !
    Mais Hedy Lamarr encore plus !! Au cas ou tu la découvrirais aujourd’hui, pas la peine d’attendre demain, elle est morte en 2000. Elle aura vécu plus longtemps que Carole.

    J’aime

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